Friday, November 7, 2008

XVI - Indépendance 08.














Lettres du Liban remercie de tout cœur Sixtine, Kheireddine, Frenchy et Cédric qui ont eu la délicatesse de lui exprimer leurs vœux de bonnes vacances sur le forum ainsi qu’a ceux qui l’ont fait par e-mail ; de même qu’aux lecteurs assidus de ce blog.
A eux tous, ce texte est dédié.

* * * *

Entre l’écoulement de la première phase des vacances, et dans l’attente d’entamer incessamment la seconde, quoi de plus naturel pour le vieux Beyrouthin désabusé que de reprendre l’espace de quelques heures les chemins de sa vieille ville jadis adorée, et dont les réminiscences dans sa mémoire n’en finissent plus de mourir.

L’imagination débridée aidant, l’idée de cet article inhabituel dont les illustrations forment le corps principal le frappa en plein chemin ; mais d’une part, n’ayant point l’habitude de se balader avec son Sony cyber-shot pendu autour du cou, et de l’autre étant sévèrement limité par le temps, il ne lui restait plus qu’à avoir recours aux modestes capacités photographiques de son portable qui ne répondent en aucune façon aux ambitions artistiques de l’opérateur.


* EN ROUTE.




Il est de cela une bonne décennie que la municipalité du littoral du Metn érigea à l’ endroit d’un terrain vague situé place de la Sagesse, un coquet petit jardin public ; initiative que je saluais à l’époque avec joie et enthousiasme.



Quelques semaines après son inauguration, le jardin fut refermé, et ses portes demeurèrent jusqu'à ce jour, plus obstinément scellées que celles de la justice Kafkaïenne.

Explication d’un ‘’responsable’’
_ C’était la seule solution pour le préserver du vandalisme !



Sur mon chemin, le Christ recrucifié sur le toit d’un établissement spécialisé dans le commerce de gris-gris, talismans, fétiches, amulettes, et autres totems et tabous…



…de même que sur la croisée des chemins entre Dora et Mar Youssef, recrucifié cette fois-ci par les bons soins de la municipalité.



Qui donc à décidé de cette tour-horloge mastoc, mélange baroque et malencontreux qui se veut ‘’renaissance Italienne’’ et qui détonne péniblement avec son environnement, sans parler de la disproportion entre sa massive laideur et l’exigüité de la place de New-Jdeidé ?



Être honoré de son vivant est une chose, et se voir rebaptisé du nom (Anglais de surplus) du huitième mois du calendrier Grégorien en est une autre.

* TERMINUS ; TOUT LE MONDE DESCEND A AÏN-EL-MRAÏSSEH.



!!! يا ماما
C’est quoi ça ???

Une laitue génétiquement modifiée, ou une cactée préhistorique pétrifiée ?

Nenni gentes Dames et gentils Messieurs ; tout juste un « mémorial » que les esthètes Libanais ont érigé à l’endroit même où le grand homme nous quitta pour un monde meilleur.



A quelques pas de la ‘’laitue’’, une stèle métallique invraisemblable…



…et Abou-Bahaa’ en personne, sur gazon.

Ne s’est-il donc point trouvé parmi tous ces Rodin du Dimanche une seule personne avertie pour leur rappeler qu’une statue perds la presque totalité de son impact dramatique lorsqu’elle elle est posée sans SOCLE, dut-elle être celle du David de Michel-Ange ?



Et qu’en réunissant dans un même plan la statue de l’homme avec une stèle insensée quatre fois plus grande, le sujet principal (Hariri) se retrouve écrasé jusqu’à l’effacement, dans une des utilisations les plus stupides de l’espace scénique que j’aie jamais vu. ?



Et qu’un carrelage d’une affreuse céramique bleue style ouatères publiques, couronné par une classique balustrade Villandry en pierre, atteint des summums de vulgarité dissonante ?



Pour couronner le tout, le sol revêtu de sordides dalles en béton imitation brique…
Il est aussi important de mentionner que parmi ses innombrables aspects ‘’artistiques et culturels’’, ce monument a aussi l’avantage d’avoir des capacités Audio : discours, chansons, musique et ‘’zajal’’ sont diffusés a longueur de journée pour accentuer l’aspect ‘’Disneyland’’ de l’affaire..

Mon pauvre Abou Bahaa’. Tu mérites quand même mieux que ça.



En comparaison, et malgré la négligence, la végétation qui l’étouffe et la terre non revêtue sur laquelle elle repose, la sobriété majestueuse de la statue de Riyad el Solh se dresse, vestige d’une autre époque, d’autres critères et d’autres conceptions.
D’un autre Liban.



Cependant, un symbolisme terrible et certes non voulu par les auteurs, se dégage puissamment du site commémoratif d’Aïn-el-Mraïsseh :

_ La confrontation silencieuse qui continue entre l’hôtel défunt et l’homme qui n’est plus.

* EN CHEMIN DE RETOUR.



Le pèlerinage inévitable.



Le vent du Khalij.
Combien de pauvres filles de joie Libanaises sont-elles destinées à être avilies, brutalisées ou même égorgées impunément entre les murs de ces appartements de luxe ?




Une agréable surprise !
Dans les avenues derrière le centre STARCO, un petit coin de paradis, grand comme un mouchoir de poche.
Serait-ce la solution de SOLIDERE pour le problème du déboisement au Liban ?



Mais trêve de jérémiades et gémissements absurdes.
ما بقا تحرز

Alea jacta est, et le raz-de-marée divin a déjà tout englouti.

Pour les Libanais qui continuent à se remplir la panse et faire la fête, inconscients de leur destin définitivement scellé, je propose cette célèbre ritournelle légèrement modifiée pour peupler joyeusement leurs soirées de beuveries orgiaques:

Ah, ah, a la queue leu-leu
Ah, ah, a la queue leu-leu
Ah, ah, a la queue leu-leu
Tout l’monde a l’abattoir
A la queue leu-leu.

Ibrahim Tyan.

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