Friday, November 21, 2008

II - Ombres et Visages.
















Hier encore, l’opinion était unanime que la guerre au Vietnam qui dura de 1959 à 1975 s’était soldée par une défaite cuisante des Etats-Unis.

Aujourd’hui, cette vérité à ses contestataires qui affirment, preuves à l’appui, que le but principal des USA à été largement atteint en estropiant quasi définitivement non seulement le Vietnam mais également le Laos, le Cambodge et d’une certaine manière la Thaïlande les rendant ainsi incapables de se joindre au puissant élan des autres « Tigres » Asiatiques, que l’économie Américaine redoute tant.

En juillet 2006, Israël déclara sans ambiguïté son intention de faire régresser le Liban de vingt ans en arrière. S’en suivit une campagne militaire dans laquelle l’armée de l’air Israélienne s’acharna sauvagement sur le pays, lui causant de pertes effroyables allant de l’infrastructure aux habitations et vies civiles ; mais surtout, laissant derrière elle un million de sans abris et au bas mot un million de mines et grenades anti personnel parsemant champs et forêts du Sud et du Centre du pays les rendant ainsi littéralement inutilisables.

Devant un tel palmarès, la résistance pourtant héroïque du Hizbollah qui mit en échec toutes les tentatives Israéliennes de percée terrestre dans le Sud, se trouva réduite à l’état d’un Bravado au prix exorbitant ; surtout après le dénigrement criminel de certains Libanais pour cette action d’éclat dont les remous continuent à secouer les fondements mêmes de l’état Hébreu jusqu’à ce jour.

Il est d’amères victoires !

Encore plus amères étaient mes pensées en traversant ce matin même à petit trot la lisière du centre de Beyrouth appelé jadis uniformément Place des Canons ou Place des Martyrs.

Il demeure qu’avant la guerre civile, cette vaste superficie était divisée en deux places historiques bien distinctes ; la première étant la Place Debbas, que l’avènement de SOLIDERE fit complètement disparaître depuis, et qui débouchait directement sur la Place des Martyrs elle-même rebaptisée officieusement du titre pompeux de ‘ Place de la Liberté ‘ par la clique du 14 Mars et que j’appelle personnellement depuis quelque temps, la Place du Saint-Sépulcre.

Incorrigible iconoclaste que je suis !

Elle était pourtant bien belle ma Place des Martyrs d’avant guerre avec ses palmiers centenaires, son horloge parlante fleurie, ses beaux édifices historiques et la grande bâtisse blanche de style colonial du ‘’Petit-Sérail’’ qui abritait les bureaux du commissariat de la police, et qui cachait derrière sa masse imposante les ruelles ‘ chaudes ‘ de la ville bordées de maisons closes dans le plus pur style d’Amsterdam et où j'eus, vu leur proximité avec mon collège, la chance inouïe d’y faire mes premières armes à un âge très précoce avec des filles de grand cœur qui valaient de loin moult bourgeoise respectable que je connus depuis ; comme cette belle et plantureuse « Sabah » qui des fois m’accordait ses faveurs ‘ à l’œil ‘ ; sans doute pour avoir éveillé en elle un vague sentiment maternel.
Ce qui ne l’empêcha pas un beau jour de me refiler les morpions qui m’empoisonnèrent l’existence jusqu’à ce qu’un clément dermatologue m’en débarrasse.

Mais la merveille des merveilles était à l’Ouest de la place où par des bouches sombres et d’escaliers de vieilles pierres on accédait à toute une ville souterraine faite d’interminables labyrinthes de couloirs centenaires éclairés de jour par la lumière jaunâtre des bulbes électriques : Les Souks.

Dans ces dédales se succédaient tour à tour les marchés de légumes, poissons, volailles, fromages, confiseries, épices, encens, soieries et parfums ; mais la véritable caverne d’Ali-Baba était l’entassement prodigieux d’or et de bijouterie au Souk des orfèvres, protégé après l’heure de fermeture par d’immenses portails séculaires en bronze.

Avec l’avènement de Rafic Hariri en 1992 et les milliards ne manquant point, j’avais espéré en une patiente et amoureuse restauration qui redonnerait tout son cachet et sa splendeur à ma belle vieille ville, comme c’aurait été le cas dans toute nation qui se respecte. Mais dans ma candeur, j’avais compté sans l’ignorance, la cupidité et la rapacité des hommes d’argent soucieux de gonfler leur pécule, qui saccagèrent et vandalisèrent ma ville pire que les mercenaires d’antan, rasant au bulldozer mon patrimoine, ma jeunesse et ma mémoire, dans la plus vaste opération d’arnaque, d’usurpation et de piraterie légale que le pays ait jamais connu.

Après cela, il n’est plus difficile de comprendre pourquoi je n’éprouve envers SOLIDERE aucun sentiment de solidarité.

Heureusement qu’il me reste mon ciel, mon soleil et ma mer.

Assis sur mon banc favori face à la Méditerranée qui venait lécher langoureusement la côte d’Aïn-el-Mraïsseh, je devisais tranquillement avec mon cafetier préféré et néanmoins ami, Hajj Abou Ragheb.

Tu m’affirmes (Dieu te pardonne) que le Paradis n’existe pas ; me dit le Hajj. Mais je sens que tu es un homme de Bien, cependant Ibliss (le mille fois damné) t’a embrouillé les idées. Mais lorsque tu te présenteras (après longue vie) devant Allah (le tout-puissant) et son Prophète (prières et salutations sur son âme bénie), tu seras tellement saisi de repentir devant leur splendeur, leur sagesse et leur clémence infinies que tu te convertiras immédiatement a l’Islam (par la volonté du tout-puissant) et entreras (inch’Allah) au Paradis.

Cher Abou Ragheb, dans le fond, tu ne sais pas combien on se ressemble.

Toi aussi à ta façon, tu es un irréductible !

Ibrahim Tyan.

8 comments:

Araadon said...
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Araadon said...

Hello vieil ami,
O combien je partage tes souvenirs qui sont miens, à la différence de l'âge, ;)
Cette superbe place que tu décrit si bien, même s'il lui manque l'élément moteur : l'humain.
Mis à part son côté un peu "Eden", ce qui m'émerveillait, moi jeunôt de 15 ans c'était la vivacité de ces "ânes", leur jovialité, leurs odeurs, le bourdonnement de la ruche, les klaxons des services et taxis, les bus parqués tout le long de cette allée; les cacahuètes qui grillent un peu partout, mahmasset Fayed en face de l'Empire, la charcuterie non Halal de chez Aoun,les odeurs succulentes des falafel Fraiha, la "aatché abou chakib' au milieu d'un film, et j'en passe.
C'est tout cela qui me manque et que je revois en lisant ton article, je salive et déguste les bons souvenirs,qui sont enterrés à jamais.
Mais tel un amoureux qui rompt une liaison intense, j'adore me remémorer ces moments magiques. J'en parle souvent à mes jeunes.

Que Dieu te garde en bonne santé, joyeux Noel et heureuse année 2009 ainsi qu'à tous ceux qui te sont chers.
Bien à toi.
Fadi

Ibrahim Tyan said...

Hi Cher Fadi

Je sais que tu as toujours aimé ce texte ainsi que la photo qui l’accompagne, et j’en suis à la fois flatté et ravi.

Tu pourras retrouver ‘’l’element humain’’ que tu as recherché dans ce texte, décrit a profusion dans le texte XI – ‘’Paradise Café’’.

Comme ‘’ombres et visages’’ te ramènes aux anciens beaux jours de Beyrouth, ton beau commentaire m’a rappelé les miens ; même cette ‘’Atché Abou Chakib’’ que tout client des salles de cinéma de la place des canons connaissait a mon époque ;) sous la forme d’ ‘’Atché Abou KHALIL’’ :))))))

Je me souviens aussi de la charcuterie Aoun près du cinéma Empire, mais aussi des autres Charcuteries avoisinantes dont notamment : Ephrem, Azar et El Roumi.

Quant au Falafel, mon préféré était celui de ‘’Sahyoun’’ situé un peu plus loin dans la montée de la Rue de Damas, et duquel j’étais client fidèle malgré les polémiques interminables qui m’opposaient régulièrement a son propriétaire ‘’ Mustapha’’ pour des causes de différences politiques

C’était la belle époque cher ami ; heureusement qu’il reste l’amitié.

Je te souhaite sincèrement l’accomplissement de tes désirs les plus chers avec la nouvelle année qui s’annonce.

Bien à toi.
Ibrahim.

Anonymous said...

Bravo pour cet article qui me replonge quelques dizaines d'années en arriere . Je me souviens du taxi qui me deposait chaque matin à Saïfi(ma mère était de Beit Chebab) et pour rejoindre mon école il fallait passer par le quartier chaud . A 16 ans quel aventure . Les Frères ne savaient pas quelles tentations j'avais . Je me souviens aussi des "chawarma" de Ajami dans le souk des drapiers . Ce blog est un plaisir pour moi franco-libanais résident en France depuis 1959 .J'ai l'impression de retrouver mon enfance dans l'ex plus beau pays du monde .
Félicitation encore pour ce blog et bonne continuation .

Ibrahim Tyan said...

@ collgros-naffah

C’est des témoignages comme le vôtre cher Monsieur qui me prouve que le temps que j’ai passé derrière mon clavier à fignoler les textes de ce blog n’est pas parti en vain.

J’en suis réellement touché et vous remercie sincèrement.

C’est toujours source de félicité précieuse et inestimable lorsqu’une personne qu’on n’a (hélas) jamais rencontrée, se manifeste d’un autre continent pour vous exprimer son partage de vos rêves et souvenirs.

Encore une fois, Merci.

moonsear said...
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moonsear said...

Mr. Tyan,

Je n'ai que trente ans mais j'ai toujours vecu le centre-ville a travers les yeux de mes parents. Merci de d'inscrire cette tradition orale pour les generations futures qui seront encore moins fortunee que moi.

MCD

Anonymous said...

Nul, rien, ni personne ne pourra empêcher ce que Dieu veut." (1/07/2010) La Vierge Marie

Mes enfants,
Que la Paix de Dieu soit avec vous, et y demeure, au plus profond de vos cœurs.
Ne laissez en aucun cas l’agitation entrer en vous, car tout ce que les hommes peuvent prévoir, programmer, ne pourra tenir au soleil, pas plus que la neige. Car seuls comptent les projets de Dieu sur l’humanité.

Même si vous entendez beaucoup de choses autour de vous, paraissant fruits d’illusion ou de folie, ne laissez pas l’agitation entrer dans vos cœurs, car seules comptent les décisions de Dieu.
Et ce que Dieu veut, est bon pour chacun, pour tous, pour l’humanité entière.

Souvent les plans de Dieu sont ralentis par les manques de compréhension des humains, par leur manque de pouvoir d’adaptation à ce que Dieu demande.

Sachez mes enfants, que si les plans de Dieu avaient été respectés, alors déjà, vous pourriez vivre dans un monde de paix et d’amour.

Connaissant vos faiblesses, connaissant vos inaptitudes à obéir à Dieu, l’ennemi des âmes en profite pour vous conduire sur des chemins de mensonges et d’illusions.
Cela, bien souvent contribue à retarder le plan de Dieu. Mais nul, rien, ni personne ne pourra empêcher ce que Dieu veut, pour vous, pour tous.

La liberté a été offerte à chacun.
Il y a une exception où Dieu ne peut plus rien faire pour Son enfant, c’est lorsque l’enfant a renié son existence à Dieu pour toujours, lorsque son âme n’appartient plus à Dieu par sa propre décision.
Si la décision a été prise par une autre personne et que l’enfant de Dieu en est victime, alors cet enfant pourra toujours être racheté.
Amen


Mes enfants, je vous bénis. Être enfant de Dieu signifie, garder l’espérance, quelles que soient les circonstances, quels que soient les épreuves et les combats à mener.
Car Dieu est la vie, et si vous vivez avec Dieu, alors vous vivrez éternellement.
Amen

Merci Marie











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